Cahier n°2 - Luttes féministes : Des Pétroleuses aux Danaïdes

Aspects du mouvement féministe à Angers (1974-1987)
vendredi 19 avril 2013

Par Frédéric Dabouis

Les Cahiers du CESA / Cercle d’Études Sociales Angevin (n° 2 - Novembre 2011)

Plan de l’article :

- LES « PÉTROLEUSES » ET LE GROUPE FEMMES D’ANGERS (1974-1981)
- LA « CAFETE DE FEMMES » LES DANAÏDES (1982-1987)
- REPÈRES CHRONOLOGIQUES POUR L’HISTOIRE DU MOUVEMENT DES FEMMES À ANGERS ET AILLEURS…
- SOURCES
- BIBLIOGRAPHIE


Avertissement :

Dans cette étude, plusieurs aspects de l’activité féministe dans cette période (1974-1987) ne sont pas évoqués, en particulier parce qu’ils ont déjà été traités dans le mémoire de maîtrise d’Elodie-Cécile Marrel, Mémoire et Histoire des féminismes (Angers, 1965-1985), sous la direction de Christine Bard, Université d’Angers, 1998. Il s’agit notamment des actions menées au plan local par la commission « féminine » puis « Travailleuses » de la CFDT (plusieurs femmes des groupes femmes d’Angers étaient adhérentes à cette centrale ouvrière), la commission « lutte des Femmes » du Parti socialiste, le Mouvement Français pour le Planning Familial, ou bien encore les militant-e-s de Choisir Angers (GALAC) et du MLAC.

On pourrait s’étonner aussi de l’absence dans cette courte étude de l’activité du Parti communiste français (PCF) en direction des femmes, d’autant plus que ce parti était encore au début de cette période le premier parti de gauche [1]. De plus, les femmes communistes ou sympathisantes, regroupées dans l’Union des Femmes françaises (UFF), liée organiquement au PCF, disposaient dès la Libération de plusieurs organes de presse. A partir de 1964, elles eurent même un outil de propagande adapté au milieu féminin, la revue mensuelle Heures claires, largement diffusée par les militant-e-s. En fait, pour comprendre l’absence du PCF sur le terrain proprement féministe et non féminin, il faut savoir que si la politique du PCF et de l’UFF était tournée bien évidemment vers l’égalité des droits entre les femmes et les hommes (en particulier au niveau des salaires), elle s’obstinait à défendre une politique « anti-malthusienne » dans la classe ouvrière : la ligne en ce domaine avait été donnée dès 1956 par Jeannette Vermeersch, compagne de Maurice Thorez, [2] qui affirma son opposition virulente à ce qu’on appelait à l’époque le « contrôle des naissances », selon elle « une arme entre les mains de la bourgeoisie contre les lois sociales ». Cette politique perdura jusqu’aux années 70 : ainsi, en 1971, le Programme pour un gouvernement démocratique d’union populaire publié par le PCF se bornait encore à proposer des mesures sociales permettant aux femmes « exerçant un travail professionnel et élevant leurs enfants de concilier ces deux activités » et n’évoquait nullement la lutte déjà engagée pour le droit à l’avortement et à la contraception.

Par ailleurs, le choix a délibérément été fait de reproduire en pleine page une bonne partie des documents les plus significatifs, notamment les tracts, plutôt que de les résumer et donc de prendre le risque de les censurer partiellement. Aux lecteurs de juger. On remarquera donc que certains de ces documents - les plus anciens - sont de mauvaise qualité. Il y a à cela plusieurs raisons, et tout d’abord, les faibles moyens matériels des groupes qui les ont édités : dans les années 70, les photocopieurs rapides et de bonne qualité n’existaient pas encore (à plus forte raison les copieurs couleur), et généralement les tracts étaient tirés - à quelques centaines d’exemplaires, pas plus - sur les ronéos de groupes amis, qu’ils soient politiques (LCR, OCT) ou associatifs (La librairie alternative La Tête en Bas). Les choix graphiques étaient limités en conséquence : prédominance du texte tapé à la machine, titres dans le meilleur des cas dessinés au normographe, dessins réalisés à main levée avec une roulette spéciale pour le stencil que l’on risquait à tout moment de déchirer. La seule alternative résidait dans le choix de la couleur du papier… le plus souvent tout à fait ordinaire avec une tendance au vieillissement rapide… J’ai choisi de les présenter tels quels, avec leurs taches, leurs pliures (pour les affiches), leurs défauts : ce sont des archives !

Précisons enfin que l’essentiel de la documentation reproduite ici provient des archives d’Anne-Marie Charles et de Marie Roudil, qui m’en ont autorisé la consultation. Qu’elles en soient ici remerciées.

Frédéric Dabouis

LES « PÉTROLEUSES » ET LE GROUPE FEMMES D’ANGERS (1974-1981)

Dans l’après mai 68, au niveau national, la radicalisation des femmes s’est effectuée sur deux plans distincts, bien qu’étroitement liés pour une partie d’entre elles : la remise en cause de la famille traditionnelle et de l’autorité patriarcale d’une part, le développement des idées et des groupes révolutionnaires (trotskystes, maoïstes, anarchistes) d’autre part. Ainsi,dès la fin de 1973, le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) éclata en plusieurs courants : d’un côté « Psy et Po » (Psychanalyse et Politique), animé par Antoinette Fouque, qui considérait le mouvement ouvrier comme « une pièce maîtresse du système patriarcal » [3], de l’autre les « Pétroleuses », qui se réclamaient encore du MLF, et la Plate-forme Femmes en lutte, qui souhaitaient toutes deux à la fois « insérer réellement la lutte des femmes dans la lutte des classes » et construire un mouvement autonome des femmes.
De fait, la première apparition publique du mouvement féministe à Angers eut lieu à l’initiative de femmes militantes ou sympathisantes de l’ex-Ligue communiste, dissoute en juin 1973 [4], à l’occasion d’une « contre-fête des mères », le samedi 25 mai 1974 [5], place du Ralliement, sur le thème « Fêtées une journée, exploitées toute l’année ». Le tract diffusé à cette occasion énonçait une série de revendications féministes : « Le droit d’avoir des enfants quand nous le désirons, de ne pas en avoir quand nous ne le désirons pas, contraception, avortement libres et remboursés par la sécurité sociale ! Crèches gratuites, ouvertes 24 h sur 24 ! Laveries collectives et gratuites ! Salles de réunion dans les immeubles et les quartiers ! Célibataires ou mariées, mêmes droits pour toutes ! ».

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Suite à cette action, menée selon la presse locale par des militantes de l’ex- Ligue communiste, mais aussi du PSU, un groupe des « Pétroleuses » ou « Femmes en lutte » s’est structuré. Un autre tract de ce groupe, présenté comme un supplément au numéro 0 de la revue des « Pétroleuses » [6], fut diffusé semble-t-il dans cette même période (mai-juin 1974) :

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Recto du tract de présentation du groupe « Femmes en lutte » (Pétroleuses)
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Verso du tract de présentation du groupe « Femmes en lutte » (Pétroleuses)

Comme l’ensemble du mouvement féministe de l’époque, les Pétroleuses étaient internationalistes. C’est ainsi que fin 1974, le groupe décida d’organiser une manifestation place Lorraine à Angers en solidarité avec Eva Forest [7]. Cette psychiatre espagnole antifranquiste venait d’être arrêtée et accusée avec d’autres militant-e-s (dont Lidia Falcon et Maria Paz Ballesteros) d’avoir - entre autres - participé à l’attentat de l’ETA qui avait coûté la vie au premier ministre espagnol, l’amiral Carrero Blanco. Le groupe femmes diffusa à cette occasion un nouveau tract :

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Un compte rendu détaillé de cette initiative parut dans Ouest-France du 9 décembre. Le groupe se manifesta à nouveau par un tract diffusé à l’occasion du 8 mars 1975, comme en témoigne l’article ci-après de La Nouvelle République :

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On remarquera que cette fois, le tract, reproduit ci-dessous, est signé désormais « Pétroleuses d’Angers (femmes en lutte) » et non plus simplement « Femmes en lutte ». Il combine des revendications à la fois économiques (réduction massive du temps de travail pour lutter contre le chômage, crèches gratuites) et sociétales (avortement et contraception libres et gratuits).

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D’ailleurs, dans la même période, en commun avec le Planning Familial, l’Union Départementale (UD) CFDT, le Comité d’Entreprise Thomson, des sections syndicales CGT et CFDT et des étudiants en médecine, les « Pétroleuses (groupe Femmes) » diffusent un dossier de 9 feuillets intitulé « Avortement : où en est-on à Angers ? ». En effet, plusieurs mois après le vote de la loi Veil (17 janvier 1975), celle-ci - jugée par ailleurs « insuffisante » - n’est toujours pas appliquée à l’Hôpital d’Angers.

Au printemps 1975, le groupe des Pétroleuses appelle aussi à participer au rassemblement organisé par la CGT et la CFDT le 15 mai devant la mairie d’Angers pour dénoncer la « démagogie » de la ministre à la « Condition féminine » Françoise Giroud, en visite à l’ESSCA. Voici d’abord le tract intersyndical, au ton très radical et anticapitaliste :

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Tract intersyndical / 15 mai 1975 / recto
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Tract intersyndical / 15 mai 1975 / verso

A l’époque, la municipalité d’Angers est dirigée par le centre-droit en la personne du maire Jean Turc, qui sera battu aux élections municipales de mars 1977 par la liste d’Union de la Gauche dirigée par Jean Monnier, lui-même ancien secrétaire de l’UD CFTC puis (après le congrès de déconfessionnalisation de 1964) CFDT.

Quant au tract des Pétroleuses, en appelant à la manifestation syndicale, il se situe dans une perspective de Front unique avec les organisations traditionnelles du mouvement ouvrier, mais il développe également toutes les revendications du mouvement des femmes :

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Tract des Pétroleuses pour le rassemblement du 15 mai 1975 / recto
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Tract des Pétroleuses pour le rassemblement du 15 mai 1975 / verso

En 1976, la référence aux Pétroleuses, ces femmes révolutionnaires qui avaient participé à la Commune de Paris au printemps 1871, est abandonnée, car au plan local, les militantes féministes, qui ne sont pas toutes dans un groupe politique, cherchent à rassembler des femmes de tout bord.

C’est ainsi que le nouveau tract édité pour le 8 mars 1976, bien qu’inspiré de la plate-forme nationale des « Pétroleuses », est signé simplement « groupe Femmes - Angers ». Il rappelle l’origine de cette journée internationale de mobilisation :

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Tract du groupe femmes / 8 mars 1976 / recto
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Tract du groupe femmes / 8 mars 1976 / verso

Dans l’été 1976, deux femmes du groupe « Femmes en lutte » firent un voyage de 20 jours en Suisse. Un compte rendu détaillé fut diffusé sous la forme d’un bulletin hectographié daté de septembre 1976 et intitulé malicieusement « Une femme sans homme, c’est comme un poisson sans vélo !!!!!! ». Dans ce texte, on pouvait lire la description des organisations et publications féministes ainsi que des lieux de femmes qui existaient à l’époque dans plusieurs villes suisses (Genève, Lausanne, Zurich, La Chaux de Fonds, Bienne).

Pendant cette période, parallèlement aux groupes « Femmes en lutte » impulsés par la LC/LCR, une autre organisation d’extrême-gauche, l’OCT [8] , avait créé son propre réseau féministe sous le nom - proche - de « Femmes Travailleuses en lutte » (FTL) à partir des noyaux constitués dès mars 1975 par le groupe « Révolution ! » et de leur fusion avec ceux de la Gauche Ouvrière et Paysanne (GOP) en novembre 1975 [9]. Le but : « faire apparaître la conception d’un mouvement de femmes sous direction prolétarienne ». Toutefois, en janvier 1977, l’OCT faisait elle-même dans un rapport interne un bilan plutôt négatif de cette expérience : « stagnation politique » et « essoufflement chronique du comité de rédaction » du bulletin. Les auteur-e-s proposaient en conséquence de « renforcer l’autonomie de FTL », ainsi que de « renforcer les liens avec le courant Femmes en lutte » (les deux courants ayant le « projet commun de construire un mouvement autonome des femmes (une organisation de masse des femmes) ». Ainsi, les cercles FTL devaient participer « aux diverses initiatives et coordinations de groupes de femmes », en précisant toutefois « quand c’est sur des thèmes corrects évidemment »…
A Angers, les militantes de l’OCT qui animaient un petit groupe « Femmes Travailleuses en Lutte » appliquèrent cette orientation avant la lettre. En effet, selon une circulaire interne au groupe local « Femmes en lutte » rendant compte du week-end de discussion des 16 et 17 octobre 1976, il apparaît que le groupe « Femmes travailleuses » y avait été invité dans le but de « former un groupe unique sur une base mimima d’accord ». L’accord en question se fit sur la base à la fois de la « remise en cause du système capitaliste » et de l’engagement à impulser ou soutenir toute action remettant en cause « notre statut de femmes » (permanences au local, soutien aux grèves de femmes), mais une minorité du groupe « Femmes travailleuses » s’y opposa et quitta la réunion [10].

Le groupe femmes unifié s’organisa alors en plusieurs secteurs : hôpital, travail sur les entreprises, travail femmes quartier, groupe de discussion sur la « séduction », groupe montage vidéo, groupe de travail sur la condition des femmes dans les pays socialistes, chaque groupe devant en principe faire des comptes rendus écrits de son activité. Il y eut aussi vers 1980 un groupe à l’École normale.

Ainsi les membres de différentes sensibilités féministes avaient donc fini par unir leurs efforts.
Le groupe unifié put utiliser le local que « Femmes en lutte » avait commencé à louer dès le mois de septembre 1976 au 32 rue Parcheminerie à Angers. Des réunions y furent très vite organisées : le 27 octobre sur l’avortement et la contraception, le 3 novembre une coordination. Et fin novembre, la presse locale annonça l’ouverture de deux permanences hebdomadaires « réservées aux femmes » à partir du 1er décembre.

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Un tract intitulé « Lettre ouverte à toutes les femmes » fut également diffusé fin novembre pour annoncer les permanences :

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Lettre ouverte du groupe Femmes / novembre 1976 / recto
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Lettre ouverte du groupe Femmes / novembre 1976 / verso

A noter que le groupe, qui s’intitula désormais simplement « Groupe femmes », affichait sa volonté de ne pas être en concurrence avec le Planning Familial et la Boutique de Droit. Une affichette imprimée fut éditée pour annoncer les jours et heures des permanences.

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Avec la gestion du local, apparaissent des cahiers de permanences ou de comptes, tenus de façon plus ou moins sérieuse de septembre 1976 au début de 1981. Ces cahiers nous permettent d’avoir une idée assez précise des effectifs du groupe femmes. Ainsi, en décembre 1976, on sait que 17 cotisantes et le groupe Hôpital versent 780 F. Fin 1976-début 1977, parmi les cotisantes régulières, on relève plusieurs militantes de la LCR, appartenant au groupe femmes Hôpital, ou bien enseignantes, fonctionnaires ou étudiantes. Dans l’année 76-77, le nombre de cotisantes régulières tourne autour de la vingtaine, avec un total d’environ 500 à 600 F par mois.

Dans cette première année du groupe femmes unifié, des difficultés apparaissent cependant. Ainsi, dans une lettre datée du 4 mars 1977, écrite pour un week-end de réunion du groupe le 6 mars auquel elle ne pourra participer, une militante de l’OCT analyse les difficultés du groupe femmes et évoque une nécessaire « clarification politique ». Elle propose à la « cinquantaine de femmes » qui sont encore ou sont passées dans les groupes femmes de se répartir en secteurs en fonction de leur insertion sociale : « groupes hôpital, entreprise, chômeuses, enseignantes, étudiantes, éducatrices, quartier, etc. ». Inversement, un document manuscrit et hectographié non daté mais qui évoque « l’AG du 6 mars » (1977), fait le constat que plusieurs membres du groupe femmes n’ont trouvé leur place « dans aucun groupe ». Les cinq signataires annoncent donc la formation d’un groupe de réflexion collective et d’action (par exemple contre le film « Histoire d’O », à l’occasion « d’élection des reines », aux prochaines municipales, ou bien en bombant les publicités). Une « première réunion du groupe », intitulé « Plaisir et contrainte », était annoncée le jeudi 14 avril suivant au local, 32 rue Parcheminerie.

A partir d’octobre 1977, le groupe femmes quitta le local de la rue Parcheminerie, trop petit et trop « pourri », pour s’installer au 4 rue Saint-Laud (au 3ème étage). Un plan de financement des activités et du local, non daté, mais sans doute élaboré à ce moment-là, se basait sur un montant de cotisations mensuelles de 766 francs par mois, et prévoyait un loyer de 200 F et des charges d’environ 66 F, ce qui laissait 500 F à répartir tous les mois entre les « 4 ou 5 » sous-groupes. Ceux-ci sont d’ailleurs répertoriés dans un listing non daté lui aussi, qui recense 9 membres dans le groupe « Viol », 8 dans le groupe « Hôpital », 7 dans le groupe « Emploi-crèches », 2 dans le groupe « Cité administrative » et 7 dans un dernier groupe sans intitulé, ce qui au passage laisse entrevoir que plusieurs femmes avaient toujours des difficultés à trouver leur place dans l’une ou l’autre des diverses facettes du mouvement féministe local. Le potentiel effectif du groupe femmes unifié aurait donc été à ce moment-là d’une trentaine de cotisantes régulières, et les ressources suffisantes pour un loyer mensuel pas trop élevé.

Une lettre dactylographiée et hectographiée du 16 novembre 1977, signée « Marie », fait une sorte de bilan, évoquant « la restructuration du mouvement des femmes sur la ville » (Angers) et un accord sur 4 points : la nécessité d’actions communes, d’éviter le sectarisme et la marginalité, d’ancrer les groupes femmes sur un secteur d’intervention « entreprises, quartiers, lycées, fac » et de les coordonner. Marie se dit prête par ailleurs à « intervenir au sein du Planning pour des actions communes avec les groupes femmes sur tout ce qui concerne l’avortement et la contraception » et à « participer à un groupe femmes Roseraie » (elle habite Angers sud).

Pendant plusieurs années, le groupe de l’Hôpital diffusa une sorte de « feuille d’entreprise » intitulée « De quoi parlent-elles ? » :

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Tract du groupe femmes du CHU / 8 mars 1978 / Recto
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Tract du groupe femmes du CHU / 8 mars 1978 / verso
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Tract du groupe femmes hôpital / non daté / recto
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Tract du groupe femmes hôpital / non daté / verso

Des difficultés financières apparurent toutefois assez vite, le loyer - trimestriel - du local n’étant pas réglé régulièrement, comme l’attestent les rappels adressés au groupe femmes par le gérant, notamment en 1980-1981. Ces difficultés sont attestées aussi dans le cahier de comptes par une note du 6 juillet 1978 qui précise : « aucune cotisation payée juin, aucun groupe »… La situation se redressa un peu à la rentrée 1978, mais le nombre de cotisantes décrut (une dizaine en septembre), et le compte en banque se vida. Un point fait au 9 janvier 1979 indique même une encaisse égale à zéro (le loyer du premier trimestre - 765 F - absorbant les dernières ressources du groupe. L’échéance d’assurances de février (244,25 F) fut payée « de ma poche », dit la trésorière, ce qui voulait dire un bilan financier négatif, mais le « sous-groupe hôpital » paya l’EDF du mois et les diverses cotisations du groupe hôpital et de deux adhérentes individuelles (dont la trésorière) remontèrent l’état de la caisse à nouveau à zéro…

Heureusement, à l’AG du 3 avril 1979, 350 F de cotisations rentrèrent (7 cotisations uniformes de 50 F), et le groupe viol versa 400 F. L’AG du 5 juin 1979 (qui réunit 15 participantes) fit rentrer à son tour 690 F, ce qui assura le loyer de juillet-août-septembre : 683, 05 F !). Le premier cahier de comptes s’arrête le 3 mars 1980 avec le paiement du loyer et de l’EDF : il restait alors 257,31 F en caisse. Un second cahier fait apparaître une très nette baisse du nombre de cotisantes (moins d’une dizaine) et des difficultés à payer le loyer trimestriel : ainsi, le loyer du second trimestre 1980 (721,84 F) ne fut réglé que le 2 juin ! Il faut dire qu’un litige avec le gérant était intervenu, du fait de problèmes de toiture non réparée. Toujours est-il que pour les deux derniers trimestres de 1980, les comptes furent constamment dans le rouge : - 401,31 F vers la fin de l’année, - 209,31 F après un versement de 192 F du « groupe travail ». Le cahier s’arrête sur un solde égal à 0 en février 1981 : l’assurance et l’EDF sont payés, mais pas le loyer du premier trimestre (782 F). Finalement, face à la baisse du militantisme du groupe, à ses déchirements internes et à l’épuisement des ressources financières, l’association dut abandonner le local et se dissoudre en juin 1981.

Toutes ces difficultés, tant de structuration que financières, n’empêchèrent pas le groupe femmes de mener une activité suivie pendant cette période.

En particulier, le groupe « Viol et agressions », qui fonctionnait, selon une de ses militantes, en groupe de conscience et d’intervention, organisa durant l’année 78 une formation de self-défense entre femmes au Budokan avec une professeure de judo. Il suivit aussi, en lien avec d’autres groupes femmes, notamment de l’Ouest (Brest, Tours, Le Mans, Caen, Rennes…) un procès pour viol qui se tint au Mans en janvier 78 et maintint une agitation sur ce thème : distribution de tracts à Angers, présence de femmes d’Angers dans la salle d’audience au Mans. Finalement, le violeur fut condamné à cinq années de prison. Le groupe organisa alors une soirée film-débat sur le viol (projection des deux courts-métrages « Suzan » et « la drague » [11]) à la Fédération des OEuvres Laïques (avenue Marie-Talet à Angers) le 3 février suivant. L’initiative rencontra un large succès : 400 personnes se pressèrent dans la salle qui n’avait théoriquement que 200 places ! Il y eut une collecte et un appel à un débat non mixte « qui n’a pas eu d’écho ». Le quotidien Ouest-France rendit compte de cette soirée le 7 février, en exposant correctement la problématique : combattre le viol, mais sans oublier que ce dernier a des causes « historiques, sociales, éducatives », la femme étant considérée comme « la chose de l’homme, sa propriété ».

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Pendant les vacances d’été 78, les femmes du groupe « Viol et agressions » rencontrèrent le groupe SOS femmes violées d’Aix-en-Provence. Puis le groupe « viol » cessa d’exister. Toutefois, en 1980, le groupe femmes soutint aussi une femme de la région d’Angers qui avait été violée en la mettant en contact avec l’avocate du procès du Mans et en l’aidant à réaliser un tract. Ce procès ayant eu lieu à huis clos le 19 juin 1980, le groupe distribua alors un tract en ville. Une partie de l’argent récolté à la soirée-débat du 3 février 78 servit à payer les frais du procès. Enfin, à la suite de plusieurs viols commis en 1980, dont l’un concernait la fille d’une « copine », le groupe de femmes et le groupe de lesbiennes, qui apparaît alors en tant que tel, organisèrent le 9 mai 1981 (soit à la veille même du second tour de l’élection présidentielle qui donna la victoire à François Mitterrand) « une journée contre le viol et les violences faites aux femmes » : occupation de la place du Ralliement avec distribution de tracts et panneaux d’affichage, projection (mixte) du film « Chaperons rouges » avec débat non-mixte en présence de deux femmes du groupe de Wendo de Paris, puis marche aux flambeaux suivie par une centaine de femmes dans les rues d’Angers. Le groupe, parfois intitulé « Commission viol », publia pendant cette période plusieurs tracts, dont celui reproduit ci-dessous :

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De son côté, le groupe « Femmes et travail » sortit un tract sur le thème du « 3ème enfant » (c’était l’époque où le président Giscard d’Estaing voulait « repeupler la France » !). Sur l’un des exemplaires conservés sont mentionnés, en face de noms de quartiers populaires ou de lieux de travail, des listes de prénoms. Ainsi, : « Zup Nord : B. et M., Hôpital : M. A. (6-7) - P. (7-8) -M. M. (6-7) - V. (7-8), Grand Marché : (un blanc), L’Aiglon : S., Mendès [12] : M-A. », ce qui dénote la volonté de diffuser les idées féministes sur une large échelle en milieu populaire. Le tract lui-même dénonce sur un ton ironique « la grande peur de *Michel+ Debré (…) de voir s’éteindre la race blanche » et l’avant-projet gouvernemental qui propose, au 3ème enfant, « une prime de 10 000 F, la retraite même si l’on n’a pas été salariée, 6 mois de congé de maternité, un crédit sans apport personnel pour la construction d’une maison individuelle ». Le groupe explique que les 10 000 F ne suffisent pas à élever un enfant, et que le crédit sans apport personnel risque de mettre les bas salaires « dans une situation financière difficile ». Le tract conclut : « Un troisième enfant… si nous voulons, quand nous voulons ».

Une partie du groupe femmes, lequel existait jusque là de façon informelle, aurait eu début 1978 l’intention de « se mettre en association », mais il apparaît que cet objectif rencontra - au moins au départ - une certaine opposition. Apparemment, la décision finale du groupe femmes de se transformer en structure associative formelle eut quand même bien lieu au printemps 1978. La lettre de déclaration officielle en préfecture elle-même date du 24 mai 1978 : les trois responsables de l’association dite « Collectif de femmes » sont une élève infirmière de 20 ans, une institutrice de 31 ans et une éducatrice spécialisée de 26 ans. Pour marquer le fonctionnement collectif de l’association, la lettre ne mentionna pas volontairement de responsabilités pour chacune des fondatrices. Le siège social indiqué dans les statuts était au local, 4 rue Saint-Laud à Angers. L’association fut enregistrée officiellement par la Préfecture de Maine-et-Loire le 9 juin.

Dans le cadre de la lutte menée au plan national par le MLAC, le groupe femmes participa activement à plusieurs initiatives, dont, dès novembre 1978, une démarche commune avec le Planning Familial [13] en direction de sections syndicales de salarié-e-s pour lancer la mobilisation en vue du débat au Parlement sur le « renouvellement » de la loi Veil. C’est dans cette dynamique qu’eut lieu en novembre 1979 une manifestation à Angers.

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A ce moment-là, il y avait toujours des rencontres au local tous les premiers mardis du mois vers 20 h 30 et une permanence le samedi de 15 h à 18 h.

Fin 1979, des militantes du groupe femmes d’Angers ont aussi participé à la rédaction d’une revue féministe trimestrielle intitulée Les femmes et les femmes d’abord, dont le numéro 1 parut en janvier 1980 (il rendait compte - entre autres - de la manifestation angevine de novembre 79). Vendue 6 F, cette revue était commune à quatre groupes femmes du Grand-ouest : Angers, Caen, Poitiers (qui possédait lui aussi un « Local des Femmes ») et Tours, où se trouvait le siège social. L’orientation rédactionnelle de cette revue semble différente des bases adoptées par le groupe d’Angers, du moins au départ. Ainsi, dans le n° 1, un article féministe radical dénonce la présence des hommes dans les manifestations pour l’avortement. De même, le n° 3 paru en octobre 1980 portait en sous-titre « Journal du Mouvement de Libération des Femmes », référence abandonnée par les groupes femmes dès 1974, bien que le n° 1 ait toutefois dénoncé le « dépôt légal » de la « marque » MLF par la tendance Psy et Po, sous la forme d’une photocopie de la page du Journal officiel où figurait cet enregistrement officiel, barrée en diagonale par la mention « cherchez l’erreur ! ». Le comité de rédaction de cette revue se réunit plusieurs week-end (dont celui des 15 et 16 novembre 1980) dans une ancienne ferme du petit village angevin d’Alligny, qui appartenait alors à un groupe angevin de militants de l’École Émancipée (la tendance syndicaliste-révolutionnaire de la Fédération de l’Éducation Nationale).

Reconnu par la préfecture comme association de défense des femmes, le groupe femmes participa à des réunions institutionnelles. Ainsi, un document de la DASS du 18 février 1980 détaille les associations féminines du département qui ont participé à une réunion le 31 janvier 1980 à 15 h, sous la résidence du préfet. A côté de l’UDAF (18000 adhérents), de l’UPF (25 adhérentes), du Planning Familial (25 militantes environ), de l’UFCS (environ 25 adhérentes), figure le « Groupe de Femmes » d’Angers qui « veut lutter contre l’oppression de la femme sur tous les plans - édite un journal - possède une troupe théâtre [sic] ». L’objet de la réunion était la création d’un « Centre d’Information Féminin » analogue à celui de Cholet. Cela dit, il n’était pas question que l’État giscardien et la droite locale financent un « groupe de gauchistes » ! C’est ainsi que par un courrier daté du 1er avril 1980 (!), le directeur de la DDASS informa le collectif du refus du Conseil général de Maine-et-Loire de lui accorder une subvention lors de sa séance du 14 janvier précédent.

C’est aussi en 1980 que des discussions s’ouvrirent avec le comité local du CUARH [14] : d’un côté, par une lettre datée du 19 septembre 1980, le groupe femmes donna son accord pour former un « comité pour les droits des lesbiennes et homosexuelles », mais un autre document daté du 25 du même mois, signé du « groupe de Lesbiennes Féministes du Groupe de Femmes d’Angers » refusa de lui accorder son soutien, sauf de façon ponctuelle.

De nouvelles difficultés apparurent également à l’automne 1980. Le groupe femmes organisa en effet du 29 septembre au 5 octobre une semaine d’ « expression de femmes » au Centre socio-culturel Jean-Vilar à la Roseraie, avec projection de films, soirée théâtre, etc. Cette semaine était complétée le mercredi 1er octobre par une soirée de cinéma de femmes avec - entre autres - le film de Marta Metzaros « Les Héritières ». La projection de ce film et plus généralement l’organisation de cette semaine suscita la réprobation des « lesbiennes féministes du groupe de femmes d’Angers » qui publièrent le tract de format A5 reproduit ci-dessous présentant certes le « groupe de femmes d’Angers », mais se désolidarisant ouvertement de « la mixité des débats » et précisant : « le choix du film « Les héritières » est à l’initiative du « Club ». Nous, en tant que femmes du Mouvement de libération des femmes, refusons de cautionner par notre présence un tel film ».

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Le groupe de lesbiennes du groupe femmes fut alors accusé de vouloir y « prendre le pouvoir ».
Cette crise rebondit à la suite de la journée contre les violences faites aux femmes du 9 mai 1981, du débat sur la non-mixité de la projection ce même jour de « Chaperons rouges » à la FOL et de la marche de nuit qui s’ensuivit : ainsi, le 9 mai, deux tracts furent distribués place du Ralliement : le « tract jaune » du groupe femmes et le tract des « lesbiennes du collectif de lutte contre le viol ».

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Tract d’appel à la journée contre le viol et les autres violences faites aux femmes / 9 mai 1981 / recto
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Tract d’appel à la journée contre le viol et les autres violences faites aux femmes / 9 mai 1981 / verso
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Tract des lesbiennes du « collectif » de lutte contre le viol / 9 mai 1981 / recto
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Tract des lesbiennes du « collectif » de lutte contre le viol / 9 mai 1981 / verso

La discussion pour ou contre la mixité du débat qui devait suivre la projection de « Chaperons rouges » fut également portée devant le public. Elle faisait apparaître deux points de vue irréconciliables : pour certaines militantes du groupe femmes, le débat sur les agressions sexuelles concernait aussi les hommes, qu’il ne fallait pas tous considérer comme des violeurs, tandis que le « groupe de réflexion sur lesbianisme-féminisme » affirmait que « la libération des femmes ne se fera pas par des compromis mais par une lutte radicale de la classe des femmes solidaire contre la classe des hommes ». On voyait ainsi réapparaître, une dizaine d’années après les débuts du MLF, les clivages qui avaient opposé le groupe « Psychanalyse et Politique » aux autres tendances.
Cumulé, comme on l’a vu, avec la baisse de l’activité militante et les problèmes financiers récurrents, cet antagonisme amena l’assemblée générale du 9 juin 1981 à décider la dissolution de l’association « Collectif de femmes », dissolution qui fut enregistrée officiellement par la Préfecture de Maine-et-Loire le 1er juillet suivant. Le groupe « lesbiennes féministes » continua cependant à fonctionner en se réunissant les une chez les autres et fut à l’origine de l’ouverture de la cafète des « Danaïdes ».

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Ainsi s’achevait, au printemps 1981, avec l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République le 10 mai et l’arrivée au Parlement d’une majorité de gauche en juin, un cycle de luttes féministes menées entre autres par une génération de militantes issues du mouvement de mai 1968. Dans la foulée de l’arrivée d’Yvette Roudy à la tête d’un véritable « Ministère des Droits de la Femme » [15], puis, au bout d’un an et demi, de la décision de remboursement de l’IVG [16], une partie du mouvement féministe allait plus ou moins s’institutionnaliser et bénéficier enfin de subventions que les divers gouvernements de droite précédents n’avaient évidemment jamais consenties aux groupements qui militaient ouvertement pour la liberté de l’avortement et de la contraception.

De plus, pour la plupart des militant-e-s d’extrême-gauche, qui comptaient - à l’instar de celles et ceux de la LCR - sur une explosion du mouvement social sur le modèle de la grève générale de mai-juin 1936, la désillusion sera rude, et la démobilisation aussi lente que progressive jusqu’aux grèves de masse de décembre 1995 dans le secteur public [17].

Cette parenthèse - relative - dans la lutte des classes à l’échelle nationale n’a heureusement pas empêché l’émergence d’initiatives moins ambitieuses, mais répondant à des attentes locales, comme le montre l’expérience du local associatif Les Danaïdes.

LA « CAFETE DE FEMMES » LES DANAÏDES (1982-1987)

L’idée d’un lieu de femmes non-mixte est issue d’un groupe de quatorze femmes - toutes lesbiennes - qui tint sa première réunion le mardi 23 février 1982, et où l’on retrouve une partie du groupe femmes dissous l’année précédente. Le nom du lieu fut choisi seulement le 12 mars suivant : « les Danaïdes » [18]. Le récépissé de déclaration de l’Association à la préfecture est daté du 31 mars 1982. Il y eut un débat au sein du groupe pour savoir si le lieu ne serait ouvert qu’aux lesbiennes. Cette position n’ayant été soutenue que par trois femmes, l’ouverture à toutes les femmes fut largement majoritaire.

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Des démarches auprès de la Mairie d’Angers furent alors entreprises, notamment une demande d’entretien datée du 22 avril 1982, mais le maire, à l’époque Jean Monnier, membre du Parti socialiste et ancien secrétaire de l’UD CFDT, trop occupé, déclina le rendez-vous et renvoya l’affaire à son chef de cabinet (courrier du 21 mai). Puis, par des lettres du 5 juin et du 12 octobre 1982 (celle-ci signée de Louis Thareaut), les services de la mairie refusèrent à l’association la vente d’objets, respectivement place du Ralliement et place Imbach, puis se ravisèrent brusquement dans un courrier du 14 octobre. Le but des « déballages » envisagés était de financer l’achat par l’association d’équipements destinés au futur lieu. Une braderie eut donc lieu le 16 octobre 1982, place Imbach, et rapporta, en « vente d’objets, habits + bons de soutien », la somme de 1173 francs [19]. Un peu plus tard, par un courrier du 16 mars 1983, la mairie rejeta officiellement une demande de subvention, pourtant étayée par un budget prévisionnel, et le 29 septembre, elle émit un nouveau refus de vente d’objets place Imbach, toujours avec la même raison officielle, la concurrence avec les commerçants qui - eux - payaient leur place.

Devant la difficulté réelle de créer des lieux alternatifs, une tentative de rapprochement eut alors lieu avec le GLH (Groupement de Libération des Homosexuel-le-s) : par un courrier du 30 avril 1983, le GLH proposa en effet une sorte de cofinancement temporaire d’un lieu où des réunions de lesbiennes de l’association « les Danaïdes » pourraient se tenir. Cette proposition ne fut pas acceptée : des « lesbiennes de la cafète de femmes », comme elles se présentèrent alors, la refusèrent, car elles préféraient « un lieu non mixte ». Finalement, un local fut trouvé au 31 rue du Cornet, et si le contrat de location fut signé devant notaire le 30 septembre 1983 par Jean-Pierre C. [20] et Christine C. [21], le lieu resta non-mixte.

Toute l’association se mobilisa pour mettre en état le lieu. Les travaux durèrent plusieurs mois.

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L’ouverture du lieu eut lieu en avril 1984, soit deux longues années après le lancement de l’association. A ce moment-là, il y avait autour de 60 adhérentes payant une cotisation annuelle régulière (les AG du 19 mai 1984 et du 12 mai 1985 mentionnent un chiffre stable de 62 adhérentes). Le financement du lieu était assuré par ces cotisations annuelles, mais également par des cotisations mensuelles pour les personnes de passage, des dons et surtout par les repas qui y étaient organisés, et qui réunirent parfois jusqu’à 60 femmes. Au passage, notons qu’à l’occasion de l’ouverture du lieu, la mairie d’Angers, qui n’avait pas fait grand-chose pour la faciliter, on pourrait même plutôt penser le contraire, se manifesta rapidement, par un courrier du 30 juin 1984, pour exiger les nécessaires contrôles de sécurité !

Le lieu fonctionna alors sur deux temps forts de rencontres hebdomadaires, le mardi soir pour des repas conviviaux (de 19 h 30 à 23 heures) et le dimanche de 15 h à 19 h pour des activités diverses. Pour le financement, des fêtes furent également organisées, notamment au CAD (Centre d’Animation de la Doutre), 43 place Grégoire-Bordillon, le 20 avril 1985 (l’opération fut d’ailleurs renouvelée le samedi 12 avril 1986, et peut-être le 16 mai 1987). En juillet-août, la cafète de femmes était fermée.

La politique internationale n’était pas absente des discussions : ainsi, le 28 mai 1985, une soirée avec film suivi d’un débat eut lieu avec des femmes de Greenham Common (Royaume-Uni) qui luttaient à l’époque contre l’installation d’une base de lancement de missiles nucléaires américains Pershing II. De même, en 1986 (AG du 19 mars et du 1er septembre), des rencontres avec des « femmes de la Ligue » (la LCR), furent même envisagées, à l’initiative d’une militante du lieu, désignée responsable des contacts avec cette organisation politique, la seule évoquée dans les archives des Danaïdes.

Toutefois, le lieu était conçu essentiellement comme un lieu de vie et d’expression des femmes. Ainsi, plusieurs initiatives sur le thème « créations de femmes » eurent lieu à l’automne 1985, avec une exposition de travaux, de photos (du mardi 8 au dimanche 27 octobre), puis une rencontre intitulée « Feminist Art Project » où Viviane Clarac fit le compte rendu du travail d’un groupe de douze femmes aux Etats-Unis (dimanche 3 novembre). Cette dernière anima également d’autres rencontres le 1er décembre 1985 (autour du livre qu’elle venait de publier, De la honte à la colère - Viols par inceste) et le 2 mars 1986 (au sujet d’une « femme américaine qui peint »)

Le dimanche pouvaient avoir lieu aussi des séances de massages ou bien des projections de vidéos (par exemple Coup de foudre de la réalisatrice Diane Kurys le 24 novembre 1985). Autres initiatives : le mardi 19 novembre 1985 eut lieu une soirée italienne avec « spécialités culinaires » et projection d’un film italien, et en décembre (du 3 au 22), une exposition de sculptures et de modelages. La Cafète organisa même un réveillon le 31 décembre ! Les dimanches 19 et 26 janvier 1986 virent fonctionner un atelier de fabrication de marionnettes, suivi d’une exposition de sculptures et collages (du 15 janvier au 15 février). Un atelier couture (réalisation d’un pantalon) eut lieu le dimanche 9 février, et le week-end suivant un stage d’initiation au Wendo (self-défense pour les femmes).

L’association co-organisa également avec le cinéma Jean-Vilar de la Roseraie une semaine de films de femmes du 9 au 13 avril 1986. Il s’agissait de courts, moyens et longs métrages qui avaient été diffusés au Festival international de Créteil, et qui évoquaient la question du travail ménager (Ave Maria, film suisse), la relation mère-fille (J’ai toujours rêvé d’aimer ma mère, film canadien), et les stéréotypes sur la « femme-respectable » (Indian Cabaret). La cafète présenta aussi des expositions de photos en mai-juin 1986 et organisa des randonnées, des pique-niques…

L’activité fléchit cependant au cours du premier semestre 1987, la responsabilité des repas du mardi soir, qui assuraient l’équilibre du financement du lieu, n’étant plus assurée que par quatre femmes. L’association fut finalement dissoute dans l’été 1987, le bail fut résilié (les loyers de l’été étant payés), de même que l’abonnement EDF (le 21 août 1987).

Le groupe qui avait fondé les « Danaïdes » avait quand même tenu 5 ans, dont deux passés à se démener pour trouver un local et un système de financement… C’était bien évidemment le prix de l’indépendance politique par rapport à la municipalité et aux institutions.

En conclusion de cette brève étude, si l’on met de côté bien sûr l’activité du MLAC, du Planning Familial ou des syndicats et partis politiques qui intégraient déjà à l’époque des éléments du féminisme, on peut estimer que l’activité féministe « radicale » au sens large à Angers s’est étalée pratiquement sans trop de discontinuités sur environ 13 ans, de la fondation du groupe des « Pétroleuses - Femmes en lutte » en 1974 jusqu’à la fermeture des « Danaïdes » en 1987. Elle reprit toutefois dix ans plus tard, avec une nouvelle vague de jeunes féministes, dans le cadre du collectif « Émancipation », partie prenante du local associatif « L’Étincelle » [22], auquel se sont quand même jointes quelques militantes aguerries de la génération précédente.

REPÈRES CHRONOLOGIQUES POUR L’HISTOIRE DU MOUVEMENT DES FEMMES À ANGERS ET AILLEURS…

- 26 août 1970 : dépôt d’une gerbe à l’Arc de Triomphe en hommage à la femme du soldat inconnu, action considérée comme l’acte fondateur du Mouvement de Libération des Femmes (MLF).
- Mai 1971 : parution du n° 1 du journal Le Torchon brûle (qui disparaîtra après le n° 6 de l’hiver 1973-1974). Il rassemble l’ensemble des courants féministes et se réclame du MLF.
- 1973 - 1974 : éclatement du MLF, constitution du groupe Psychanalyse et Politique (Psy et Po) qui lance les éditions Des Femmes.
- 9 avril 1973 : fondation du MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception, mixte). Il rassemble des organisations de gauche (PS, PSU, CFDT, MNEF) et d’extrême-gauche (LCR, Lutte ouvrière, Alliance Marxiste Révolutionnaire, Révolution !...), mais aussi des personnalités, des individus.
- 8 mars 1974 : parution sur 16 pages du n° 0 du journal Les Pétroleuses, « tendance lutte de classe du Mouvement de Libération des Femmes », qui paraîtra jusqu’en octobre 1976 (n° 6). Il est conçu comme un outil pour « l’expression des groupes de femmes », « en lien conscient avec le mouvement ouvrier ».
- Avril - mai 1974 : diffusion du 4 pages national des Pétroleuses appelant à « construire un mouvement des femmes ».
- 20 avril 1974 : manifestation à Paris pour l’avortement libre et gratuit, à l’appel du MLAC et des groupes femmes, avec le soutien de plusieurs partis d’extrême-gauche (Front communiste révolutionnaire, Lutte ouvrière, Révolution !).
- Samedi 25 mai 1974 : Contre-fête des mères place du Ralliement à Angers, première apparition du groupe « Femmes en lutte », alias « les Pétroleuses ».
- 8 et 9 juin 1974 : « grève des femmes », soutenue par les « Pétroleuses ».
- 15 et 16 juin 1974 : à l’initiative des Pétroleuses, rencontre nationale des groupes femmes à Bièvres (Essonne), à l’initiative de groupes femmes parisiens. Elle réunit environ 1000 femmes et 300 groupes d’orientations très diverses. Après cette rencontre, éclatement du courant lutte de classes du MLF en plusieurs groupes : le courant Femmes en lutte proche de l’Organisation Communiste Révolution, le courant Elisabeth Dimitriev (proche de l’Alliance Marxiste Révolutionnaire, une tendance trotskyste autogestionnaire) et les Pétroleuses proprement dites, où militent des femmes du Front communiste révolutionnaire (rebaptisé Ligue communiste révolutionnaire en décembre 1974).
- Samedi 7 décembre 1974 : manifestation des Pétroleuses place Lorraine et dans les rues d’Angers en solidarité avec Eva Forest, Lidia Falcon et Maria Paz Ballesteros, menacées de mort par la dictature franquiste.
- 20 décembre 1974 : vote final au Parlement de la loi Veil qui autorise l’avortement.
- Samedi 8 mars 1975 : distribution à Angers du tract signé « Pétroleuses d’Angers (femmes en lutte) » dénonçant l’oppression des femmes.
- Jeudi 15 mai 1975 : le « groupe Pétroleuses (femmes en lutte) d’Angers » appelle à la manifestation organisée devant la mairie par la CGT et la CFDT contre la venue de la ministre Françoise Giroud à Angers.
- 8 mars 1976 (un lundi) : tract du « groupe femmes d’Angers », abandon de la dénomination « Pétroleuses » qui faisait référence aux femmes militantes de la Commune de Paris.
- Samedi 29 - dimanche 30 mai 1976 : week-end de discussion des groupes femmes d’Angers. Décision de rechercher un local.
- 31 mai - 6 juin 1976 : semaine « du côté des femmes » au cinéma Le Club (ancêtre des 400 Coups), 12 rue Gâte-Argent à Angers. L’après-midi du samedi 5 juin est consacré à des projections de courts et moyens métrages présentés et animés par le « Groupe Femmes d’Angers ».
- Été 1976 : voyage de deux militantes du groupe femmes d’Angers en Suisse. Elles rencontrent les groupes féministes de Genève, Lausanne, Zurich, etc.
- Septembre 1976 : début de la location du local situé 32 rue Parcheminerie, « réservé aux femmes ».
- Samedi 16 et dimanche 17 octobre 1976 : nouveau week-end de discussion commun au groupe femmes et au groupe « femmes travailleuses » lié à l’Organisation Communiste des Travailleurs (OCT). Décision non unanime d’unifier les deux groupes et de se répartir en plusieurs secteurs et groupes de travail (CHU, entreprises, quartiers, séduction…).
- 1er décembre 1976 : première permanence publique du « groupe femmes » au 32 rue Parcheminerie.
- Jeudi 14 avril 1977 : constitution du groupe de réflexion « plaisir et contrainte » qui ne se reconnaît pas dans les groupes existants et considère le « groupe central » comme « défunt ».
- 28-29-30 mai 1977 : Rencontre internationale des femmes à Vincennes, à l’initiative du courant « lutte de classes ».
- 25 juin 1977 : conférence nationale des femmes de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR).
- Octobre 1977 : abandon du local de la rue Parcheminerie, installation des groupes femmes dans un appartement plus vaste, au 3e étage du 4 rue Saint-Laud, en plein centre-ville.
- Novembre 1977 : n° 1 des Cahiers du féminisme, publication de la LCR qui tiendra jusqu’en 1997 (n° 79-80).
- Janvier 1978 : n° 1 de la revue Des femmes en mouvements, publiée par le groupe Psy et Po.
- Janvier 1978 : procès pour viol au Mans. Campagne du groupe femmes d’Angers contre le viol.
- Vendredi 3 février 1978 : 400 personnes au débat organisé par le groupe femmes « Viol et agressions » au local de la FOL, avenue Marie-Talet, après la projection de deux courts-métrages.
- 24 mai 1978 : constitution officielle du groupe femmes d’Angers en association sous le nom « collectif de femmes ».
- 18 octobre 1979 : le groupe Psy et Po s’approprie le label Mouvement de Libération des Femmes en le faisant enregistrer au Journal Officiel. Il est déposé à l’INPI (Institut National de la Propriété Industrielle !) fin novembre…
- Samedi 9 mai 1981 : à la veille du second tour de l’élection présidentielle, marche aux flambeaux contre le viol dans les rues du plateau piétonnier d’Angers. Crise du groupe femmes d’Angers.
- 1er juillet 1981 : suite à cette crise, dissolution officielle de l’association « collectif de femmes » et fermeture du local de la rue Saint-Laud.
- 31 mars 1982 : déclaration en Préfecture d’Angers de l’association « Les Danaïdes ».
- Avril 1984 : ouverture de la cafète de femmes « Les Danaïdes » au 31 rue du Cornet à Angers.
- 28 mai 1985 : film-débat aux Danaïdes avec des femmes de Greenham Common (Royaume-Uni) en lutte contre l’installation de fusées Pershing II.
- 1er décembre 1985 : conférence de Viviane Clarac aux Danaïdes au sujet du livre qu’elle a co-écrit, De la honte à la colère - Viols par inceste.
- Août 1987 : dissolution de l’association « Les Danaïdes » et fermeture du lieu.

SOURCES

- Collection du journal Le Torchon brûle (Archives Marie Roudil).
- Exemplaires du journal Les Pétroleuses (Archives Marie Roudil).
- Collection des Cahiers du Féminisme (Archives Frédéric Dabouis).
- Archives personnelles de Marie Roudil et Anne-Marie Charles.

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BIBLIOGRAPHIE

- Irène Corradin et Jacqueline Martin (dir.), Les femmes sujets d’histoire, Presses Universitaires du Mirail, 1999.
- Christine Bard, Les femmes dans la société française au 20e siècle, Armand Colin, 2001.
- Michèle Riot-Sarcey, Histoire du féminisme, La Découverte, 2002.
- Josette Trat (coord.), Les Cahiers du féminisme (1977-1998), vingt ans dans le tourbillon du féminisme et de la lutte des classes, Syllepse, 2011.

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Ci dessous, vous trouverez la version PDF du cahier :

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Luttes féministes : Des Pétroleuses aux Danaïdes

[1À l’élection présidentielle de 1969, le candidat communiste Jacques Duclos avait obtenu plus de 21 % des suffrages exprimés, tandis que le socialiste SFIO Gaston Defferre avait à peine atteint la barre des 5 %. Si le nouveau Parti socialiste fondé en 1971 à Epinay par François Mitterrand créa une dynamique, ce n’est qu‘aux législatives de 1978 qu’il dépassa le PCF en influence (PCF : 20,55 %, PS 22,58 %).

[2Secrétaire général du Parti communiste de 1930 à sa mort en 1964. Membre du Comité central dès 1945, Jeannette Vermeersch (1910-2001) entra au Bureau politique en 1950. Elle resta très attachée à l’URSS jusqu’à sa dissolution en 1991.

[3Selon l’expression utilisée par Josette Trat dans son article « Féminisme » publié dans l’ouvrage collectif La France des années 1968, Paris Syllepse, 2008, page 369.

[4En fait du Front communiste révolutionnaire (FCR) qui lui avait succédé avant de se transformer en décembre 1974 en Ligue communiste révolutionnaire (LCR). La Ligue communiste, fondée en 1969, avait présenté Alain Krivine à l’élection présidentielle.

[5Deux jours avant la cérémonie d’investiture de Giscard d’Estaing, élu président le dimanche précédent, 19 mai.

[6Le n° 0 de la revue Les Pétroleuses est sorti à l’occasion du 8 mars 1974, peu avant le stage national tenu à Bièvres les 15 et 16 juin 1974, à l’initiative essentiellement de groupes femmes de quartier et de militantes du FCR/LCR.

[7Arrêtée en septembre 1974, Eva Forest ne fut libérée qu’en 1977, deux ans après la mort du dictateur Franco.

[8L’OCT (Organisation Communiste des Travailleurs) est née en décembre 1976 de la fusion entre l’Organisation Communiste Révolution ! (familièrement appelée Révo !), issue d’une scission de la Ligue communiste en 1971, et la GOP (Gauche Ouvrière et Paysanne), issue d’une tendance minoritaire du PSU. Après diverses péripéties et scissions, l’OCT s’est auto-dissoute fin 1981.

[9Cf. Compte rendu de la Conférence Nationale Femmes de l’OCT du 23 janvier 1977.

[10Déjà, à la suite d’un week-end de discussion les 29 et 30 mai 1976, une militante du groupe « Révolution ! », G., avait exprimé des critiques vis-à-vis du fonctionnement du groupe en « rencontres de copines » au détriment de la « lutte contre l’exploitation capitaliste », tout en précisant que son point de vue « n’engageait en rien d’autres militantes ou sympathisantes de Révolution ! »

[11Une affiche sérigraphiée fut tirée à cette occasion. Elle était intitulée significativement « Face aux VIOLences, fini le Silence » et signée du « Groupe Femmes « agressions et viol », 4 rue Saint-Laud.

[12L’Aiglon (ceintures) et Mendès (confection pour femmes) étaient des usines situées dans les quartiers nord d’Angers.

[13Lettre du Groupe Femmes (Contraception, Avortement, Sexualité) et du Planning familial, datée du 27 novembre 1978.

[14Le CUARH (Comité d’Urgence Anti-Répression Homosexuelle), créé entre autres par le militant LCR Jacques Fortin en juillet 1979, regroupait les GLH (Groupes de Libération Homosexuelle) de province, qui étaient mixtes, le MIEL (Mouvement d’Information et d’Expression des Lesbiennes), par définition non-mixte, et d’autres mouvements. C’est lui qui organisa en juin 1982 la première marche des Fiertés (« Gay pride »). Il disparut en 1987.

[15Et non d’un secrétariat d’Etat comme avec Françoise Giroud en 1974-1976.

[16Sous la pression des mobilisations féministes, le Parlement vota finalement en procédure d’urgence le remboursement de l’IVG en décembre 1982 (ce point figurait dans le Projet socialiste de 1980, mais pas dans les 110 propositions de Mitterrand).

[17Le mouvement contre le plan Juppé avait été précédé d’une importante mobilisation du mouvement pour les droits des femmes : à l’initiative de la CADAC (Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception), le 25 novembre 1995, 40 000 personnes défilèrent dans les rues de Paris.

[18Dans la mythologie grecque, 49 des 50 Danaïdes avaient tué leurs 49 cousins à qui on voulait les marier de force. Elles furent ensuite condamnées à remplir un tonneau percé (symbole du travail sans fin des femmes ?). 49 est aussi le numéro du département de Maine-et-Loire…

[19Livre de comptes et d’Assemblées générales des Danaïdes, page 1. Il y eut d’autres opérations sur les marchés, notamment celui de Trélazé (Malaquais).

[20Pour l’association « Groupe Angevin d’Information et d’Etudes sur la Sexualité » (GAIES) dont le siège social était à la librairie alternative « La Tête en Bas », 17 rue des Poëliers, dans l’hyper-centre d’Angers. De fait, par la suite, cette association n’a pas utilisé le local ni participé à son financement.

[21Pour l’association « Les Danaïdes ».

[22Ouvert au 26 rue Maillé en mars 1997, en principe pour 4 ans, le lieu associatif L’Étincelle existe encore fin 2011 !